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19 février 2021

Musical treasures | Rameau. Le Grand Théâtre de l'Amour

par Anne Payot-Le Nabour

The Philharmonie team presents its musical treasures.

Anne Payot-Le Nabour Programme Editor
Sabine Devieilhe / Alexis Kossenko / Les Ambassadeurs: Rameau. Le Grand Théâtre de l'Amour. Erato/Warner Classics, 2013.

C’est après avoir conquis le cœur du public – dont j’eus la chance de faire partie il y a quelques années déjà en assistant à sa finta giardiniera au Festival d’Aix-en-Provence puis à sa Chauve-souris à l’Opéra Comique , que Sabine Devieilhe fit, en 2013, une entrée remarquée sur la scène, discographique cette fois, avec un premier récital entièrement dédié à la si belle et trop rare musique de Jean-Philippe Rameau.

« Conçu dramatiquement comme un petit opéra », ce disque a en fait tout d’un grand, ainsi que le laisse d’ailleurs augurer le titre, ce « Grand Théâtre de l’Amour » où l’interprète nous réserve le meilleur des accueils. Du vertigineux « Air de la Folie » de Platée au poignant « Tristes apprêts » de Castor et Pollux, capable de tirer les larmes à l’âme la plus endurcie, ce « Grand Théâtre » permet en effet au soprano subtil de Sabine Devieilhe, tour à tour bergère, princesse ou amante, d’investir avec une agilité déconcertante ces nobles pages tant tragiques que comiques. À cette facilité d’incarnation s’ajoute chez la cantatrice une manière d’épouser comme rarement, grâce à une maîtrise éprouvée de la déclamation, l’écriture de Rameau – cette écriture virtuose, novatrice, inspirée, pourtant due à un compositeur vieillissant ayant tardé à aborder l’opéra et livré son premier ouvrage lyrique (et quel ouvrage !), Hyppolite et Aricie, à l’âge de cinquante ans.

À ses côtés, Les Ambassadeurs d’Alexis Kossenko se révèlent des compagnons à toute épreuve, prêts à braver les plus redoutables tempêtes, comme dans Les Indes galantes, ou à esquisser, depuis leurs instruments, de paisibles paysages pastoraux où se love avec délice la voix de la soprano.

Après avoir franchi les portes de ce « Grand Théâtre », difficile d’en sortir donc, si ce n’est la tête emplie de délicates mélodies, fruits à n’en pas douter d’un véritable mariage d’Amour dont nous ne pouvons être que les témoins émus.