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28 mars 2018

Musique sacrée ou sacrée musique ?

par Paul-André Demierre

Rossini - La Petite Messe solennelle : musique sacrée ou sacrée musique ?

Un extrait

« Bon Dieu, la voilà terminée cette pauvre petite Messe. Est-ce bien de la musique sacrée que je viens de faire ou bien de la Sacrée musique ? J’étais né pour l’Opera Buffa, tu le sais bien ! Peu de science, un peu de coeur, tout est là. Sois donc Béni, et accorde-moi le Paradis. G. Rossini, Passy, 1863. »
Ces quelques lignes sont citées par Luigi Rognoni dans son livre Gioacchino Rossini publié à Turin en 1968 par les Edizioni RAI Radiotelevisione Italiana ; elles figurent sur la dernière page de l’autographe de la Petite Messe solennelle et révèlent d’emblée l’ironie distante que le musicien concevait à l’égard de la musique religieuse, cinq ans avant sa propre mort. [...]

« PETITE MESSE SOLENNELLE, à quatre parties avec accompagnement de piano et harmonium, dédiée à Madame la Comtesse Louise Pillet-Will par G. Rossini. Passy 1863» : ainsi est rédigé le frontispice figurant sur le manuscrit de l’oeuvre (cité à nouveau par Luigi Rognoni). Pourquoi avoir placé cette messe entre deux adjectifs, petite et solennelle, adjectifs qui semblent se contredire comme si cette didascalie tenait de la plus haute farce ? Dans l’esprit de l’auteur, cette astuce n’est aucunement paradoxal : cette messe est solennelle, certes, mais elle est conçue pour un petit ensemble vocal et instrumental ; donc elle est en réalité une messe de chambre. À la seconde page de l’autographe, est précisé : « Petite messe solennelle à quatre parties avec accompagnement de deux pianos et harmonium, composée pour ma villégiature de Passy. Douze chanteurs de trois sexes, hommes, femmes et castrats, seront suffisants pour son exécution : savoir huit pour le choeur, quatre pour les solos, total douze Chérubins. Bon Dieu, pardonne-moi le rapprochement suivant. Douze aussi sont les Apôtres dans le célèbre coup de mâchoire peint à fresque par Léonard dit ‹ La Cène › : qui le croirait ! il y a parmi tes disciples de ceux qui prennent de fausses notes ! Seigneur, rassure-toi, j’affirme qu’il n’y aura pas de Judas à mon déjeuner et que les miens chanteront juste, et con amore, tes louanges et cette petite composition qui est, hélas, le dernier péché mortel de ma vieillesse. Passy 1863» (cf. Rognoni).

Gioacchino Rossini en cuisine | Caricature par Carjat Gioacchino Rossini en cuisine | Caricature par Carjat

Concerts

  • 29.03.2018 20:00

    «Ouschterconcert»

    A déjà eu lieu
    «Est-ce de la musique sacrée, ou de la sacrée musique?», écrit Gioacchino Rossini au sujet de la Petite Messe solennelle à son commanditaire, régent de la Banque de France, pour la consécration de son hôtel particulier parisien. Ce cadre privé explique le choix d’un effectif, à l’origine, réduit – quatre solistes, un choeur de huit chanteurs, deux pianos et un harmonium. En 1867, Rossini décide toutefois d’orchestrer cette messe de chambre avant que d’autres ne le fassent à sa place comme il le dit. C’est ce «dernier péché de vieillesse», en référence aux recueils du même nom, où se côtoie profane et sacré et qui témoigne de la redécouverte, au 19e siècle, des répertoires anciens, qu’interprètent, pour Pâques, l’Orchestre Philharmonique du Luxembourg, la Wiener Singakademie et quatre solistes d’exception, tous placés sous la direction de Gustavo Gimeno.

    Kulturpass, bienvenue!

    Ce concert sera enregistré par radio 100.7 et diffusé le 09 mai 2018.