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31 juillet 2021

«L’orgue Schuke a un caractère particulièrement orchestral»

par Anne Payot-Le Nabour

Conversation avec Daniel Roth

Le 11 novembre 2005, vous avez inauguré l’orgue Schuke de la Philharmonie Luxembourg. Quels souvenirs en gardez-vous ?

Je garde un merveilleux souvenir de l’inauguration de l’orgue Schuke de la Philharmonie Luxembourg : l’audience, très enthousiaste, m’a demandé plusieurs bis et offert une standing ovation !

Votre histoire avec cet orgue remonte même au moment où vous avez été sollicité, en amont, comme conseiller artistique lors de la construction de l’instrument. En quoi a consisté ce rôle ? Comment le choix du facteur d’orgues Schuke s’est-il fait ?

En ce qui concerne le choix du facteur d’orgues Schuke de Berlin, le directeur de la Philharmonie de l’époque, Monsieur Naske, m’avait demandé mon avis sur les différents devis. J’avais parlé en faveur du projet Schuke, tout d’abord parce que cette manufacture a une longue tradition, qu’elle a réalisé de nombreux instruments remarquables partout dans le monde, que j’apprécie tout particulièrement leur orgue de la Philharmonie de Varsovie et qu’ils proposaient un orgue à trois claviers expressifs ce dont je rêvais depuis de nombreuses années. Soit un instrument idéal pour une salle de concerts, comme le Cavaillé-Coll de Sheffield 1873 !
Il s’est agi ensuite de discuter avec le facteur d’orgues de la composition des jeux. Nous nous sommes décidés pour un orgue qui permette l’interprétation d’un très large répertoire : ainsi, le premier clavier Hauptwerk, grand plein jeu, comporte à la fois des principaux allemands mais aussi la Montre française, et est complété par des anches allemandes. Le deuxième clavier, positif, est expressif et a vraiment toutes les caractéristiques d’un plan sonore romantique allemand. J’ai tenu à ce que l’on y introduise le jeu Aeoline 16’, typique de l’orgue romantique allemand, du facteur Ladegast. Le troisième clavier aussi expressif est un Récit romantique français. Le quatrième clavier Solo expressif comporte un Tuba anglais à forte pression et des anches en chamade d’esthétique espagnole. Comme on peut le constater, cet orgue permet de jouer toutes les grandes œuvres organistiques.


  • Inauguration de l'orgue | Photo Jörg Hejkal Inauguration de l'orgue | Photo Jörg Hejkal
  • Inauguration de l'orgue | photo Jörg Hejkal Inauguration de l'orgue | photo Jörg Hejkal

Ce rôle de conseiller artistique vient en complément de vos fonctions au sein de la Commission des orgues historiques au Ministère de la Culture français.
Que recouvrent ces fonctions ?

À la commission des orgues historiques du Ministère de la Culture français, il y a des experts organiers et en ce qui me concerne, ainsi que plusieurs collègues, je suis rapporteur. Cela consiste à collaborer avec l’expert, à présenter devant la commission des rapports concernant les orgues à classer ou des travaux à réaliser.

Vous êtes organiste liturgique, titulaire de l’orgue de Saint-Sulpice à Paris. Dans quelle mesure l’approche d’un orgue de salle de concerts, « profane », comme à la Philharmonie Luxembourg, est-elle différente ?

En effet, dans une église, l’organiste joue un répertoire approprié à la grande tradition liturgique. Au contraire, dans une salle de concert, on peut jouer des œuvres à caractère profane et notamment toutes sortes de transcriptions.


Photo Sébastien Grébille Photo Sébastien Grébille

Comment définiriez-vous la sonorité de l’instrument Schuke de la Philharmonie Luxembourg ?

Comme je l’ai dit plus haut, l’orgue de la Philharmonie Luxembourg comporte des jeux qui appartiennent aux grandes traditions de facture d’orgue européenne : française classique et romantique, allemande baroque et romantique, plus quelques jeux anglais et espagnols. Mais il faut dire que l’harmoniste de la firme Schuke a su réaliser un ensemble parfaitement homogène, ce qui est tout à fait remarquable. En plus de cela, l’orgue présente plusieurs caractéristiques techniques : une boîte expressive pour certains jeux du pédalier, des double boîtes expressives pour certains jeux des Positif et Récit, un système de blocage de note et de vent modulable.

Lors de vos deux récitals à la Philharmonie Luxembourg en 2005 et en 2009, vous vous êtes prêté à l’exercice de l’improvisation. Quels types d’improvisations l’orgue Schuke inspire-t-il particulièrement ?

L’orgue Schuke a un caractère particulièrement orchestral, ce qui permet de réaliser des improvisations aux couleurs multiples ainsi que dans le style polyphonique.

Que pouvez-vous souhaiter à cet orgue Schuke qui a fêté en 2020 son quinzième anniversaire ?

Je souhaite que de nombreux organistes puissent le jouer en cette année du quinzième anniversaire et dans le futur, pour le bonheur des auditeurs luxembourgeois et étrangers.