Women making waves

Comme Anne-Sophie Mutter, presqu’aucune personnalité musicale du milieu classique ne bénéficie d’un tel niveau de notoriété dans le monde germanophone. Son talent considérable lui a permis de bâtir sa carrière très rapidement, sa technique, sa musicalité et sa curiosité l’ayant amenée à entrer en contact avec toutes les personnalités et institutions majeures de la planète. Elle refuse de se limiter à toute catégorie, et tant John Williams que Jörg Widmann écrivent pour elle. En tant qu’artiste au faîte de sa carrière et engagée, il lui tient à cœur de soutenir efficacement et durablement les jeunes musiciens, avant tout via sa propre fondation et l’ensemble Mutter’s Virtuosi. Elle a toujours pris position sur les événements mondiaux: elle a ainsi élevé la voix au sujet de la détresse qu’a connue le monde de la musique pendant la pandémie de Covid-19 et a donné plusieurs concerts de bienfaisance pour les victimes de la guerre en Ukraine. Mutter a récemment enregistré en disque le Double Concerto de Brahms avec le jeune violoncelliste Pablo Ferrández: cette collaboration fructueuse est désormais à vivre en direct à la Philharmonie Luxembourg le 14.11., où les deux artistes seront accompagnés du London Philharmonic Orchestra dirigé par Edward Gardner.

Outre sa virtuosité hors pair, la curiosité et l’ouverture de Julia Fischer à son environnement ainsi qu’aux techniques novatrices font d’elle depuis toujours une artiste appréciée tant d’un public spécialisé que novice en matière de musique classique, et ce au-delà de toute frontière générationnelle! Avec son JF Club, la violoniste a été la première artiste à lancer sa propre plateforme sur le marché de la musique classique. Longtemps plus jeune professeure dans une haute école de musique en Allemagne, cette musicienne d’exception a toujours eu à cœur de transmettre – notamment en co-créant le Kindersinfoniker, un orchestre à cordes pour enfants composé de jeunes et très jeunes musiciennes et musiciens. C’est avec l’œuvre d’un enfant prodige du passé – le Concerto pour violon de Felix Mendelssohn Bartholdy – puis le Concerto pour violon du maître de Bonn Ludwig van Beethoven que la Kapellvirtuosin de la Sächsische Staatskapelle vient cette fois au Luxembourg, les 17. et 18.11., aux côtés de l’orchestre de Dresde successivement dirigé par David Afkham et Tugan Sokhiev.

Artiste à l’aise dans le 21e siècle, Yuja Wang aime être là où on ne l’attend pas, s’écartant avec jubilation des chemins qui semblaient tout tracés pour elle. Enfant prodige issue d’une famille de musiciens, elle gagne une reconnaissance internationale en 2007 lorsqu’elle remplace Martha Argerich au pied levé. La pianiste a fait sien un large répertoire, concertos, sonates et pièces de musique de chambre allant de Bach à Stravinsky en passant par Albéniz, Gershwin, Fauré et Brahms, interprétant notamment ce dernier le 28.11. aux côtés de son ami et fidèle partenaire le violoniste Leonidas Kavakos, avant de retrouver la scène du Grand Auditorium le 13.03. avec le San Francisco Symphony dirigé par Esa-Pekka Salonen. Que serait l’excellence sans la curiosité? Chaque prestation de Yuja Wang à son piano semble apporter une réponse à cette question.

Née au sein d’une famille musicienne, ayant foulé la scène dès l’âge de neuf ans avant des débuts fracassants quelques années plus tard dans Le Barbier de Séville, Cecilia Bartoli se fait remarquer très jeune par des chefs aussi renommés que Daniel Barenboim, Herbert von Karajan ou Nikolaus Harnoncourt. Sa carrière lancée, la «diva assoluta» (Les Échos) ne se limite toutefois pas au chant: au-delà d’imaginer des projets aussi novateurs qu’originaux − ce qui lui a valu le surnom «d’Indiana Jones» contemporaine de la musique −, elle deviendra ainsi en janvier prochain directrice de l’Opéra de Monte-Carlo, en plus d’assurer, déjà, le volet artistique auprès de ses fidèles Musiciens du Prince-Monaco, un orchestre qu’elle a créé en 2016. Ces derniers l’accompagnent justement à l’occasion de son désormais traditionnel rendez-vous automnal donné au public de la Philharmonie. Le 30.11., elle invite à une grande soirée d’opéra avec La Clémence de Titus de Wolfgang Amadeus Mozart en version concert, ouvrage doté d’airs éblouissants où la mezzo-soprano ne devrait pas manquer de déployer sa «voix aux textures enchanteresses» (Le Temps). Voilà une diva qui ne porte pas pour rien le prénom de la sainte patronne de la musique…