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04. Januar 2012

Ce qui est précieux

von Philharmonie Luxemburg

En début de saison, je discutais avec un nouvel arrivé à Luxembourg, lui vantant les mérites de notre fabuleuse Philharmonie. Comme il avait l’air d’aimer le cinéma, je lui parle du cycle «Ciné-Concerts». Et là, il me regarde sourcils levés, l’air mi-amusé, mi-dédaigneux et me lance: «Des vieux films en noir et blanc, j’imagine? Mouais…» Visiblement, le parcours long d’un siècle que certains films ont la chance de connaître avant de nous arriver n’émouvait pas le jeune homme.

Pour Jean-Pierre Thilges, cinéphile devant l’éternel, c’est évidemment une tout autre histoire. «Il faut savoir que 75 à 80 % des films muets jamais produits sont définitivement perdus. L’avènement du cinéma parlant rendait ces films inutiles et sans aucune valeur aux yeux des studios. Une partie des bobines a tout bonnement été fondue pour récupérer l’argent dont les films étaient constitués. Or, chaque image de cette époque que l’on retrouve a de la valeur.» C’est évidemment d’autant plus vrai s’il s’agit d’un film par un réalisateur reconnu.

Si pouvoir regarder un film muet à notre époque est un petit miracle en soi, c’est donc un double miracle qui se prépare à la Philharmonie avec la projection le 13.01.2012 de deux films d’Ernst Lubitsch, Romeo und Julia im Schnee et Die Puppe. «Les statistiques se vérifient également avec Lubitsch,» continue Jean-Pierre Thilges. «Il a réalisé une cinquantaine de films muets dont 18 à 20 ont disparu.» Romeo und Julia im Schnee figurait d’ailleurs parmi ceux-là jusqu’en 1999, année de sa redécouverte et sa restauration par le Filmarchiv Austria!

Que ces films existent encore est une chose. Mais ils ne sont pas accessibles à tous et les visionner est presque un privilège. «Seulement une dizaine des films de Lubitsch sont actuellement disponibles en DVD. De plus, dans le cas d’une projection à la Philharmonie, on opère une sorte de retour aux sources. Autour de 1915, dans les grands cinémas, il n’était pas rare qu’un orchestre symphonique de 50 personnes accompagne le film projeté.»

Le 13 janvier prochain, point d’orchestre: il faudra «se contenter» de l’excellent ensemble Silent Movie Music Company (en formation quatuor) pour l'accompagnement musical des deux films. Une chance à ne pas laisser filer!

 

Julie