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19 June 2011

One night of enlightenment

by Philharmonie Luxemburg

C’est dans une salle comble que l’Orchestra of the Age of Enlightenment et son chef invité Sir Simon Rattle prirent place hier soir à la Philharmonie Luxembourg. Au centre, deux piano-forte donnent le la. Oubliez réflecteurs acoustiques et architecture moderne, ce soir, Monsieur de Portzamparc[1], votre Philharmonie a 300 ans.

Au programme, deux compositeurs phares de la période classique: Joseph Haydn et Wolfgang Amadeus Mozart. Trois symphonies et un concerto, quatre chefs d’œuvres de la fin du XVIIIe siècle. Quoi de mieux que l’orchestre du siècle des Lumières pour les interpréter ? Et quoi de mieux que le 6e plus grand chef de tous les temps pour le conduire ?[2]

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Sans baguette, Sir Rattle ouvre la Symphonie N°64 en la majeur d’Haydn. «Les temps changent». Véritable gymnastique artistique que cette symphonie aux tempos variables. La puissance des silences au deuxième mouvement donne la chair de poule. L’orchestre respire. Entre piano et forte, cette symphonie me fait tourner la tête. Et d’où vient ce son étrange ? Les cors. Si le cor d’harmonie me fait chavirer à chaque concert, je n’avais encore rien entendu. Le timbre de ces cors d’époque dépasse tout entendement. Plus âpre que le doux rond du cor d’harmonie, plus dense que les puissants cors de chasse, ce cor là est envoutant.

Une symétrie parfaite

Place au Concerto pour deux pianos et orchestre en mi bémol majeur de Mozart. Les deux solistes sont sœurs. Les grandes pianistes françaises Katia et Marielle Labèque. Une fois installées, mes yeux voient double. Devant moi se joue une symétrie parfaite dont Sir Rattle en est l’axe. Même prestance, même équilibre, mêmes mimes au clavier. Qui de l’une ou de l’autre mène la danse ? Les deux. Voici un véritable quatre mains. Chacune écoute l’autre, chacune a sa place, et c’est ensemble qu’elles conduisent cet orchestre. Le chef leur fait confiance. L’orchestre opine. Les notes des deux piano-forte sont très feutrées. Le piano semble faire partie des percussions ce soir et les parois de l’auditorium résonnent baroque. Bienvenue dans le passé.

La Symphonie N°33 en si bémol majeur de Mozart agrémente la soirée d’airs rieurs. Les têtes dodelinent, la mienne les suit. Haydn terminera le bal. Symphonie N°95 en ut mineur. Le solo du violoncelle au troisième mouvement est une véritable danse. Et je ne vois qu’un danseur sur scène. Sir Simon Rattle. Le chef Jacques Mercier m’expliquait récemment que sans baguette, les deux mains du chef pouvaient conduire l’orchestre avec d’autant plus d’expression. Une chose est sure, Rattle confirme la règle. Mais plus encore que ses mains, c’est son visage et tout son corps qui dirigent les musiciens. Pas une boucle de ses cheveux blancs n’oscille de travers. Sans économie ni superflu, la justesse de ses gestes se transmet à l’orchestre.

A la sortie de la Phil’, je ne regrette qu’une chose. Ne pas avoir pu saluer le soliste violoncelliste. Sir Rattle est parti sans nous le présenter. Monsieur le violoncelliste, je vous dédie mes derniers applaudissements.

[1] Christian de Portzamparc est l’architecte de la Philharmonie Luxembourg

[2] Classement avril 2011 réalisé par le magazine BBC Music